« … Il y avait déjà
trop longtemps que le moule rectangulaire attendait peinard sur le comptoir de
la cuisine. Il me narguait de passer à l’action. Je proscratinais…
Il aura fallu une
tristounette journée automnale pour que je me décide enfin. J’avais besoin de
mettre un peu de « sent bon » dans la maison. Une odeur familière de
cuisson, du genre réconfortante, alors que tombaient du ciel, une myriade de
grésils blancs.
J’avais les instructions
d’une Bonne Fée. Je ne pouvais pas me tromper. Je les ai suivies à la lettre. Mais
inquiète du silence du monstre blanc dans lequel j’avais glissé moule et
ingrédients, j’appelai la Fée pour qu’elle m’explique.
Au moment même où on se
saluait, un bruit rassurant se fit entendre. Problème réglé. Donc, on en
profita pour jaser de nos semaines respectives.
Tiens, pourquoi pas?...
Trois heures et demie plus tard…
un arôme de pain chaud flottait dans l’air. J’attendis plusieurs minutes avant de
me mettre au démoulage. Quel travail! La miche ne voulait pas lâcher prise sur les
batteurs, probablement englués dans la mie de pain.
Après une bataille ardue, spatules
et cuillère de bois finirent enfin par avoir le dessous! Je ne pus m’empêcher de
trancher la croûte et d’y étendre une légère couche de beurre. Hummm… Moment de
bonheur incommensurable!... »
Addenda - Pendant que je boulangeais
insouciamment, à l’autre bout du pays des gens mouraient noyés d’avoir voulu admirer
les cétacés.
Une autre triste réalité de la fragilité de la Vie...
"La première...", Amos, octobre 2015 |
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