L’idée avait été lancée à tout
vent, au courant de l’été… 2014!
Elle avait eu le Temps de germer,
de prendre racine, d’étendre ses radicelles et était apparue dans le jardin de ma
Vie pendant la saison estivale 2015. C’était le projet, un peu saugrenu, de se
retrouver après quarante années de vacation à nos études, professions et Vies
personnelles respectives.
C’était loufoque,
inhabituel, mais tout à fait réalisable pour des Abitibiens, généralement
tricotés serrés. Restait à voir s’il manquerait des mailles…
Le jour « D » (puisque
le rendez-vous avait été fixé un beau dimanche d’octobre…),
j’allai chercher mon Amie Cél, précieux témoin de ces années de jeunesse et
avec qui j’avais repris contact l’hiver précédent, après de longues années de
silence.
Nous nous sentions déjà
excitées, un peu exaltées, à l’idée de revoir nos pairs du secondaire, ceux avec
qui nous avions flirté la fin de notre adolescence et le début de notre Vie
adulte. Y’avait là-dedans, quelque chose d’électrisant, de grisant…
Dès l’ouverture de la porte du
cybercafé « La P’tite Bouteille », on sentit la frénésie et
l’énervement planer dans l’air. Les gens se saluaient, se reconnaissant ou
s’excusant… Entremêlements d’accolades, d’embrassades, de rides étalés et de
cheveux blanchis par le Temps. Ou colorés pour l’évènement…
Parfois c’était une
expression faciale, une parcelle de physionomie demeurée intacte avec les
années, un sourire moqueur, des yeux rieurs, qui nous ramenaient 40 ans dans un passé dépassé.
Les uns avaient rondi, les
autres étaient trop amaigris. La Vie laissait ses traces et n’avait pas été
facile de façon juste et équitable pour tout le monde. Ça se voyait. Mais dans
l’effervescence du moment, ça ne se sentait pas…
Un peu plus tard, l’école La
Calypso (le « Collège » de l’époque),
témoin de nos ébats scolaires et amoureux, nous ouvrit ses corridors sombres,
ses escaliers serpentants, ses souvenirs enfouis dans de quelconques manuels
imaginaires oubliés par le Temps. Il y avait place pour les réminiscences, sans
gêne ni désolation. C’était l’œuvre de la Vie, point à la ligne.
Les tables, décorées à
l’aide d’archaïques vinyles, accueillirent les Jeunes Vieux et leurs souvenances,
drôles, parfois teintées de tristesse lorsque les pensées nous menaient vers ceux
et celles disparus depuis.
J’avais dit à l’Amie Cél que
je pensais quitter vers vingt heures, pensant que cinq heures de retrouvailles suffiraient
à raviver en moi, les bons moments d’une jeunesse tamisée…
Comme des Cendrillons, c’est
plutôt sur le coup de minuit que l’on se décida enfin à laisser derrière nous, ceux qui n'en finissaient plus de se retrouver…
Plane dans l'air, la ferme intention de revoir la gang… dans 10 ans!!!...
"La Calypso", Amos, février 2015 |
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