J’étais
affairée à préparer le souper quand subitement mon regard se porta sur l’homme
qui avançait péniblement le long du chemin. Au bout de ses bras, trois sacs de
plastique vert-recyclable semblant lourdement paquetés. Tellement que ça
incommodait son déplacement.
Croyant
(à
tort)
qu’il demeurait juste dans la maison d’en face, je suivis ses pas laborieux. Le
cœur me pinçait chaque fois que sa jambe droite partait en presque hyper
extension vers l’arrière, donnant une allure claudicante à sa marche. Comme si
je pouvais en ressentir la douleur…
Il
s’arrêta une fois. Puis une deuxième…
« Je vais sortir l’aider. » me
suis-je dit.
Un
troisième arrêt, encore, le temps de faire valser les sacs les plus lourds qui
lui sciaient probablement les mains. Bref espoir d’obtenir une sorte de répit
mitigé. Ça me rappela le temps où je vivais cela, chaque semaine… Sac à dos au
dos, bras ballants de victuailles…
Honte
à moi, je suis restée coite à le regarder sans bouger.
« La prochaine fois » me suis-je
jurée, « la prochaine fois… »
« Profil de l’emploi »,
Kuujjuaq, mars 2014
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