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Messages

Affichage des messages du février, 2014

Flamenco sans façon

La journée tire à sa fin sans faim. L’Amie J est à mes côtés et nous placotons depuis quelques heures quand son ventre à elle se mêle de la conversation. « Et si on allait marcher un peu et manger une croûte? » On s’habille et le temps de faire un très bref tour du proprio, nous marchons sur Berri, direction Vieux Port. Il fait froid, mais nous avons toutes deux suivi la même session d’adaptation au Nunavik. Sans être immunisées, nous sommes disons, habituées. C’est la première fois que je découvre cette partie de la ville enveloppée dans sa froidure. La grande horloge s’élève, haute et fière, bravant les courants d’air glaciaux qui s’élancent au-dessus du Fleuve. Je regarde derrière moi, ces immeubles à condo et je tente de m’imaginer, habitant là, faisant de mon quotidien ces paysages encombrés, différents de tout ce que j’ai connu avant. Facile à dire, difficile à faire… Nous reprenons la marche : rue Bonsecours, La Maison du Père, Champs-de-Mars, Gosford… Tiens, mais qu’est-c

36 au-dessus

En moins de temps qu’il n’en faut pour crier «ascenseur », je me suis retrouvée tôt ce matin, au trente-sixième étage du Château. Sans blague, je crois que je n’avais jamais été aussi haut sans être à bord d’un avion! Ou peut-être si, à Florence, dans une espèce de vieille tour aux escaliers en colimaçon où j’avais failli mourir des suites d’une attaque de claustrophobie et d’ochlophobie. Parlez-en à ma Douceur ma Belle si vous ne me croyez pas… À la pause de mi-journée, je me dirigeai vers les toilettes. Besoin était. À peine j’eus finis de me laver les mains, j’aperçus tout au fond de la salle, deux fauteuils qui me semblaient plus que confortables et une petite table. Intriguée, je m’en approchai. Sur le coup, je me suis demandée qui pouvait avoir la drôle d’idée de venir s’installer ici pour prendre un café… … J’y ai réfléchi pendant une bonne dizaine de minutes tout en m’extasiant sur ce que la ville déroulait sous mes yeux… Les vitrines touchant terre (!) donnait une vue im

Avoir la bougeotte

"La Belle s'est endormie...", Montréal, février 2014 M'y revoilà, dans cette belle grande métropole qui m'attise, qui m'attire, me hante, m'enchante. Après un vol sans histoire ni escale (!), je suis maintenant confortablement installée au Marriott Château Champlain pour deux nuitées. Je n'ai point cherché à quitter ma chambre pour aller fureter et explorer le coin. Me dit que demain midi me guidera à l'extérieur. Peut-être... Sinon, je me laisserai tenter demain soir, par cette affiche géante que j'aperçois au coin d'une rue un peu plus loin. Des lettres blanches, alignées à la verticale: C-I-N-É-M-A... Voyez ce que je veux dire?... Dehors les sirènes se déchaînent. Les voitures, petits points lumineux, se déplacent de gauche à droite, de droite à gauche, dans un interminable ballet, spectacle indéfinissable dont je ne me lasse. Montréal, que j'aimerais adopter pour un temps, juste pour voir, comme un autre défi à ajouter à ma

Nouvelles

Je me sens comme une vieille batterie sur le bord de rendre l’âme. Non que j’aille en mourir mais, j’ai vraiment attrapé ce que j’appellerais un « monstrueux-rhume-de-femme ». Je comprends maintenant très bien la gente masculine quant ils se font attraper par une  « grippe-d'-homme ».   Un seul mot : É-P-O-U-V-A-N-T-A-B-L-E!!!  J’ai l’impression d’avoir cent ans et les mêmes besoins de soins et d’attentions que si j’en avais cinq! Wilson, Georges et Joseph font tout leur possible pour s’occuper de moi, mais il manque encore un (des) p’tit (s) quelque (s) chose (s) comme…   … les cuillères à thé de miel de la main d’une Maman Fitzsou pour soulager ma toux ; … ses guenilles de laine réchauffées dans le fourneau et apposées sur mon thorax par-dessus une généreuse couche de Vicks ® ; … ses tasses d’eau chaude citronnée adoucie avec du miel ; … ses « Ça vas-tu un peu mieux? » ; … les effluves s’élevant de son petit chaudron en fer blanc rempli d’une

Voyages au nord du 55e parallèle

Ma Collègue Inuk prenait place sur le siège derrière moi. Il lui fut facile de me croquer sur le vif en pleine envolée … Vous me voyez au naturel. À surfer sur les nuages à défaut d’y avoir la tête, le nez collé sur la fibre de verre du hublot, fixant l’horizon, les étendues de glace, de neige, les escarpements rocheux, la mer au loin…. Je ne décolle pas de là… Je conserve la position jusqu’à l’atterrissage. Et gare à quiconque osant tenter m’extirper de mes rêveries. Pouvoir, je sortirais la tête pour encore mieux voir… Pendant tout ce temps, je me perds dans mes pensées. Et mes pensées me perdent. Facile : j’en ai tellement! Je m’y égare, je m’y réfugie. J’avais trouvé tous les vols de la semaine précédente trop courts, trop rapides. À peine une vingtaine de minutes entre les villages. J’avais à peine le temps de me laisser planer un peu que les pilotes me ramenaient «  right true  » sur terre.  Les joies et les misères du travail au Nord!... « I’m kidding… » À te

Visiteur inopiné

Les dernières belles journées s’étaient étendues sur le Nunavik avec un aplomb ostentatoire et encore moins de retenue que ces milliers de corps blancs envahissant chaque année les plages d’un vrai Sud. Le ciel avait été beaucoup trop bleu, le soleil beaucoup trop brillant, la température, beaucoup trop froide. C’était l’hiver du Nord, un bel hiver…   Mine de rien, j’avais poursuivi ma vie nordique, sans rien attendre ni espérer d’un peu de ce spécial pouvant pimenter le quotidien. Je me trouvais gâtée par la Vie, d’avoir vécu une si belle dernière semaine dans les autres villages, d’avoir survolé tant de cette blancheur éclatante, marbrée ici et là, des reflets de lumière projetée par l’astre insolent. Avec cette pensée bucolique en toile de fond, je me disais que l’hiver nordique allait bon train et qu’il laisserait bientôt sa place à un printemps frais et dispo.  ... Il arriva sans crier gare. J’avais bien remarqué les conjonctives un peu rougies : j’avais blâmé la

Par un beau dimanche à Kuujjuaq...

La neige craquait sous nos pas. L’air expulsé de nos poumons demeurait suspendu un court instant dans le silence établi de la colline. La Koksoak s’étendait langoureusement immobile sous ses tonnes de glace. L’espace nous appartenait et on l’occupait entièrement.   Nous étions parties avec l’idée d’affronter un moins quarante-et-un avec facteur éolien. Nous nous sommes retrouvées sous un soleil qui se donnait des allures printanières. Pour un peu on l’aurait cru. Des projets se mirent à fleurir dans nos esprits échauffés : feu de camp et sandwich grillé ne sauraient tarder! L’Amie Sue se faufilait sur les rochers, reconnaissant ici la gueulée, là, l’île, repère de la descente vers les berges. À certains points, la beauté nous oppressait tellement, que l’on devait s’arrêter pour admirer béatement ce qui s’offrait sous nos yeux. L’hiver allait bon train au Nunavik, et bien vêtues, nous avions décidé d’en profiter au maximum de ce que nous permettait notre fin de semaine de