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Hey Taxi!



J’étais chez l’Amie Sue, ce beau vendredi soir, de retour à Kuujjuaq après un deux semaines de cavale nordique. Nous étions à digérer la pizza aux crevettes tout en sirotant le thé, quand je réalisai qu’une fois de plus, le Temps s’était enfui par un quelconque interstice de Vie. Je pensais à la marche de retour quand, sans réfléchir plus avant, je décidai que ce soir-là, je ne remonterais pas les deux côtes. Ce serait ma gâterie de la semaine, mon cadeau d’Amour à Moi de Moi… Sans hésitation, j’osai signaler le nouveau numéro que j’avais mémorisé (!) le midi même (allez savoir pourquoi!) alors que je me trouvais devant les téléphones publiques à l’aérogare… Pour la deuxième fois de ma vie de Kuujjuamiut, je prendrais LE taxi… 
 
7253

À peine après avoir baragouiné l’adresse de Sue, et sans savoir pourquoi,  je m’empressai de m’habiller. Comme si j’avais oublié où je me trouvais et que le taxi allait apparaître à la porte aussitôt le combiné déposé…

Cré moi!

Cela prit environ une dizaine de minutes avant que je ne vis le halo des lumières trouer la noirceur de la rue. Je descendis les quelques marches au pas de course, le manteau grand ouvert, et fis glisser la porte côté passager du van gris au lettrage jaune. J’indiquai mon adresse à la Jeune Conductrice Inuk qui s’excusa de son retard... 

« Intéressant… » pensais-je.

 J’étais assise aux côtés d’une Dame d’un certain âge, dont le cerveau semblait flotter dans les brumes d’un au-delà et que nous devions tout d’abord, aller reconduire au Bar…

Ben oui

À l’avant, une jeune fille prenait également place du côté passager. Alors que nous roulions, le cellulaire sonna… On fit demi-tour, prit une rue plus loin où on s’arrêta devant une maison. Un jeune embarqua en même temps que la Fille de devant… débarquait…

Ça sonne… Un autre appel… On repart côté Auberge. À notre arrivée, un homme attend devant et nous fait signe. Il embarque. Ça se met à jaser en Inuktitut. Quelques rues plus loin, nouvel arrêt. L’homme débarque. Nous… on attend… Quelques minutes plus tard, l’Homme revient et on re-repart! Le Jeune homme à mes côtés commence à me faire la conversation dans un français hésitant. Il me dit qu’il travaillait au gym à l’époque où je m’entraînait pour le trek sur la Grande Muraille de Chine en 2011. Il dit me reconnaître…

« Tu pas reconnaître moi? » me demanda-t-il. (Euh? Avec ma mémoire?… Non… pas vraiment!...) Finalement on prit la route vers chez-moi. Je payai mon eight boxes (même tarif pour tout le monde, qu’on reste assis cinq minutes ou une demi-heure dans le taxi) et après un Nakurmiik marialuk*, je tirai la lourde porte et m’extirpai du véhicule saine et sauve…

Comme le Jeune homme venait tout juste de me demander si j’habitais seule et moi de lui avoir répondu spontanément dans l’affirmative… 
Je me demandais… 
Pourvu que… 

*merci beaucoup
 
Photo :  « Back to Kuujjuaq », 15 février 2013


Commentaires

matin d'automne a dit…
Toute une excursion que de prendre un taxi...j'ai expérimenté une aventure semblable à Chisasibi alors que je me rendais à l'aéroport. De plus, on avait chsngé mon vol sans me le dire et un peu plus et je manquais le départ.

Pour une fille qui aime être avant l'heure prévue...il n'y a pas à dire, les voyages au Nord forment la jeunesse.
Matin d'automne, tu crois que je devrais reporté la prise de retraite de quelques années encore?????
;-)
Bon lundi! (j'espère que ton damné virus a fini par lâcher prise!...)
Et il roule la nuit ce taxi? ;-) Belle ballade... Merci.
Pierre-Léon, bonne question! Déjà il cessait toute opération vers 21:30!... Il fallait se dépêcher à veiller (!) ... ;-)
Si j'ai bien compris quand je l'ai pris, il cesse maintenant à 22:30... Quand même...
Rien à voir avec ce que tu fais, j'en suis certaine!
Bonne journée à toi!

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