Passer au contenu principal

Un vendredi matin...

Je marchais d’un pas rapide comme si je voulais devancer la fin de la semaine. En me doutant un peu pourquoi, j’avais hâte d’y arriver. Le froid était cinglant, mais frappait par derrière. Le vent du Nord étant toujours un peu plus agressif, pour débuter la journée il se prend bien. Il se prend mieux. C’est souvent la poussée imaginaire qui m'amène au bureau...

Pas toujours… Ce matin oui…

En délaissant le sentier du raccourci, je traversai la rue, voyant déjà la silhouette d’un homme se profiler à l’horizon. Il circulait dans une rue perpendiculaire à la mienne, juste un peu plus loin.

J’ai dit un homme… En fait, il me donnait plutôt l’impression étrange que seul son manteau flottait environ soixante centimètres au-dessus de la couverture blanche recouvrant la route… Sans presser le pas, je l’adoptai facilement au sien. Peut-être même un peu plus, car à un moment, je me trouvai tout juste derrière lui. Les traces qu’il laissait dans la neige étaient bizarres. Comme un trait tiré que l’on aurait oublié d’arrêter. Un pas traînant…Ce n’était pas la première fois que je le rencontrais. Il y a plusieurs mois de cela, je l’avais même reconduit à son lieu de travail, alors que j’avais eu la chance d’avoir un véhicule ce matin-là.

Derrière lui, j’aurais pu penser qu’il venait vers moi. Le bout de ses bottes me faisait face. À sa hauteur, je lui souris, le saluai et en profitai pour lui souhaiter une belle journée. Il me regarda intimidé, répondant du bout des lèvres, alors qu’elles tenaient coincées, une cigarette allumée.

Il avait à peine dix ans, quand avec d’autres membres de sa famille ils furent immobilisés «on the land» par un blizzard. La mère, pour le protéger du froid, se coucha sur lui. C’est ainsi qu’on le retrouva... tous les autres membres avaient été figés dans le froid de la mort.
On a dû lui amputer ses deux jambes... Depuis ce temps, l’hiver il marche sur ses moignons glissés directement dans ses bottes; l’été à l’aide de deux prothèses, il se déplace à vélo.
..

Ce matin j’ai dit tout bas : « Merci mon Dieu … »

Photo : « Merci mon Dieu »…, Trécesson, mars 2012

Commentaires

Le factotum a dit…
Un jeune homme très curieux et vif d'esprit.
Il venait à mon bureau et en compagnie de mon interprète aimait jaser des choses se passant au Sud.
Je l'aimais bien!
Il n'est pas mort vous savez! Je continuerai à l'aimer à votre place!
;-)

Messages les plus consultés de ce blogue

Acculée au pied d'un mur...

... Vendredi soir: je suis accroupie au bas de cette immense porte de plexiglas refermée sur les secrets d’années de vie d’un commerce devenu fantôme... ... J’ai le visage tourné vers ce soleil, à en gober jusqu’au dernier atome d’énergie qu’il peut me fournir en cette fin d’après-midi automnal... ... Suis en baisse... Heureusement, P’tit Bonheur et Méo se trouvent près de moi... Fidèles amis... Le « Nous vous donnerons une réponse, au plus tard la semaine prochaine. » est maintenant chose du passé... et comme le « temps n’est rien »... alors, ne me reste plus qu’à attendre « LA » bonne semaine prochaine!!!... Mode attente, une fois de plus... Est-ce que le simple fait d’avoir passé l’entrevue téléphonique suffira à m’avoir fouetté suffisamment les sens ( et le sang ) afin que je poursuive ici ma route, dans le quotidien de mon « petit fond de rang »??... ... À suivre... Comme de raison... Mais voilà! Il me semble que ce soir, j’en ai ma claque de me sentir raisonnable. D’être « comme

Eau et écorce: l'affaire est chocolat!

« … J’avais prévu le coup : l’alarme devait m’extirper de mon sommeil avant même que l’aube ne se pointe. Il y allait de la qualité de l’eau… 3 :45h- Ça en était terminé de ma nuit de rêves sans fin. Il était Temps de sauter dans mon jean et d’enfiler un coton ouaté. Pâques m’attendait… 4 :20h- J’arrivai un peu à l’avance. Les lieux étaient déserts si ce n’était un véhicule à l’aile gauche drôlement cabossée, garé sur le bas côté.  Je saluai le jeune homme qui remontait la pente chargé d’un « jelly can » que je présumai, pleine d’eau de Pâques. En échange, je reçus un discret signe de tête. Pourtant, je me disais que pour croire à cette tradition, il devait y avoir un brin de folie en lui non?... Ça ne m’a pas semblé être le cas. Peut-être était-il beaucoup trop tard pour lui plutôt que beaucoup trop tôt?...  Peu importe… Mes Amis se pointèrent vers 4 :30. À tour de rôle, on prit une gorgée de l’eau recueillie à même la source.  Pour la san

La rivière-du-Loup...

Des smel' et des pommet' des as de piq' Des rav' et des carot' des manch' de piq' D'la fleur d'la poch' d'avoin' des souliers d'boeuf Des fill' et des garçons heureux Elle a un trou ma marmite, Elle a un trou par-dessous La rivière-du-Loup est large, large La rivière-du-Loup est large partout!... Des smel' et des pommet' des as de piq'............ Elle a deux trous ma marmite, Elle a deux trous par-dessous... (clin d'oeil à mon Amie So de Kuujjuaq-Rivière-du-Loup et à l'Ami Pat de Rimouski, à qui j'ai cassé les oreilles pendant quelques kilomètres entre Rimouski et L'Islet-sur-Mer, en février dernier...) ;-)