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« Ce n’est pas dans je ne sais quelle retraite…



… que nous découvrirons : c’est sur la route, dans les villes, au milieu de la foule, chose parmi les choses, homme parmi les hommes. »  (Jean-Paul Sartre)
 
Retour sur le 11 juin
Cache Creek, BC – Vancouver, BC (362 km)

« … Le soleil est au rendez-vous. J’ai bien dormi, déjà 8h30 et je petit-déjeune.

Hier soir, j’ai piqué un brin de causette avec l’Homme solitaire et son chien, Nelson. Le chien qui s’appelle comme ça, pas l’Homme!

J’ai appris qu’après avoir survécu à trois cancers et une séparation, l’artiste peintre et sculpteur, avait décidé de réaliser son rêve et de partir en campeur, faire le tour de l’Amérique du Nord.

Il se donne une année pour assimiler tous ces paysages, kilomètre après kilomètre.

On a jasé de chiens : le sien est un mélange de berger des Pyrénées et de Golden Retriever. Vous auriez dû voir la bête. Magnifiquement monstrueuse!

On a jasé de la Vie : la sienne, la mienne.

On a jasé d’électronique, de technologie.

Parfois je le perdais dans ces longues diatribes mais je finissais par le rattraper au tournant. Quand je lui ai partagé mes angoisses de conduire à nouveau dans une grande ville (vous vous rappelez ma bévue à Edmonton?), il m’a ramenée le fait de prendre mon Temps pour décider de ma direction, que ça ne prend bien souvent que 5 à 10 secondes de plus.

Qu’est-ce que ça représente dans la Vie, 5 à 10 secondes? Rien. Ou tout. Ça dépend. 

Quand je l’ai quitté sur son « Have a good night Honey! », je ne sais pas pourquoi, mais j’ai ressenti un court instant (5 à 10 secondes), l’irrépressible envie d’avoir quelqu’un dans ma Vie, qui m’appellerait « Honey » toutes… les 5 à 10 secondes…

À nous deux Vancouver et ta Granville Street!...

Aujourd’hui la route ne m’a offert que de splendides paysages. Du presque désert aux forêts vierges, des montagnes, des canyons, et le Fraser. La route était sinueuse m’obligeant à respecter les limites maximales parfois de 80-60 et même 40km/heure.

15h22- J’y suis arrivée! Facile de trouver la place, mais ça m’a pris une heure à trouver un stationnement pour la nuit. Misère! J’ai même dû interpeller un Homme (jeune et beau) dans sa voiture de luxe décapotable (impossible de vous dire quelle marque…) pour avoir de l’aide. Il a fait de son mieux mais… J’ai passé tout droit à l’endroit indiqué alors, j’ai dû me débrouiller…

Chercher un stationnement m’a mise complètement à plat. Je suis épuisée et inconfortable à l’Auberge de Jeunesse. Pour une fois, j’aurais préféré ma tente. Comme première expérience à 57 ans, je suis intimidée. Comme d’habitude. 

Je vais fermer les yeux quinze minutes et aller marcher après. Comme de raison, dans mon énervement de partir avec les seules choses auxquelles je tenais vraiment (passeport, porte-monnaie, cellulaire, appareil photo, anti-sudorifique, parfum, brosse à dents, bobette, serviette et savon, livre et cahier d’écriture… c’est-y pas assez voyager léger ça mes Amis?...), j’ai oublié une veste. J’ai dû refaire le trajet jusqu’au stationnement souterrain (40 minutes aller-retour). Je considère que j’ai fait mon exercice quotidien…

J’en profite pour arrêter manger au Centre commercial situé au-dessus du stationnement. J’observe le va-et-vient des gens. Leurs pas pressés ou lambinants. Leurs regards fuyants ou énamourés…

Au retour, je devais avoir l’air d’une touriste pour me faire aborder par un « supposé » Américain édenté et crasseux, ayant « supposément » appris le français à Henri-Bourassa (!)… N’importe quoi! Je lui ai suggéré de « continuer à se pratiquer ». 

Comme l’Auberge se situe « down town », j’ai aussi croisé de jeunes Péripatéticiennes prêtes pour une autre nuit, des itinérants ouvrant sans gêne les couvercles des poubelles pour enfourner tout ce qu’ils pouvaient trouver de restes de bouffe.

Pathétique… 

Chemin faisant, j’ai pu voir quelques jeunes diplômés 2015, revêtus de leur toge et de leur toque, jasant en avant de l’Orpheum. Une belle gang de jeunes.

C’est fou tout ce monde qui peut se croiser et s’entrecroiser venant de tous les milieux. Le malheur est grand pour les uns comme le bonheur l’est pour les autres…

Début de soirée : je fais enfin la connaissance de la jeune fille qui partage la chambre (il y a quatre lits). Dans la vingtaine, elle est venue assister à un mariage à Whistler et profite de ce voyage pour se gaver de Vancouver. Elle m’offre de l’accompagner pour aller voir le « sunset » sur le pont. J’ai refusé. 
J’ai fait ça moi! 
Ce ne sera pas cette fois que j’effleurerai les eaux du Pacifique… 

Bah… Je reviendrai. Que je me dis… »

"Je prends celui du haut!", Vancouver, juin 2015

"Down town", Vancouver, juin 2015

"L'Orpheum et sa cuvée 2015", Vancouver, juin 2015

Commentaires

Zoreilles a dit…
Ouf, ces recherches de stationnement, ces rencontres avec des prostituées, des itinérants, c'est la misère des villes. Heureusement qu'il y a de beaux paysages qui compensent largement!

Je sors du sujet mais je te raconte quelque chose : hier, je suis allée renouveler mes médicaments à ma pharmacie et j'étais en présence d'une autre cliente qui avait l'air très mal en point, jeune, avec des percings, des tatoos, abriée d'une grande couverture qu'elle tenait fermement pour ne pas laisser à découvert aucune partie de son corps. J'ai entendu les employées de la pharmacie parler de... mal en point, de méthadone... J'ai compris qu'elle était en manque probablement. Elle se berçait en gémissant, n'avait aucune conscience des gens autour, elle souffrait... Je n'ai pas été capable de rester là à l'observer, trop empathique. Je suis allée fouiner au rayon des vitamines, j'en avais besoin. Puis, on l'a appelée pour l'emmener dans un bureau fermé, la faire voir par un pharmacien, j'ignore la suite. La misère des villes me bouleverse, tiens, moi, c'est ce qui me donne le cafard...

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